jeudi 11 novembre 2010

Le Cloud Computing sera créateur d'emplois

Le Cloud Computing, qui mutualise un grand nombre de tâches d'installation, d'industrialisation et d'exploitation, permet de déployer des solutions logicielles complètes en un temps record: Par exemple un individu seul, sans réaliser d'exploit technique ou humain, peut configurer et mettre à disposition une messagerie pour 2000 personnes en 48 heures, avec une solution telle que Google Apps. Quelles sont les conséquences pour l'emploi de ces nouvelles techniques ?
Au premier abord on pourrait penser que cela va détruire de l'emploi. Si on peut faire plus avec moins de personnel, alors il y aura moins d'emplois dans le secteur informatique. Mais ce raisonnement est faux, car il fait un amalgame entre les nouvelles solutions, disponibles en Cloud Computing, et le secteur très vaste de l'informatique.

Vu avec une loupe, le raisonnement reste éventuellement valable : Pour le périmètre de la messagerie, on obtient dans la plupart des cas un meilleur résultat avec une messagerie en Cloud Computing, qu'avec une installation personnalisée. On peut donc considérer que le nombre de personnes employées à faire fonctionner un système de messagerie devrait diminuer. Même dans ce cas particulier, le raisonnement n'est peut être pas valable. Voyons pourquoi.

Prenons tout d'abord des TPE. La plupart utilisent des services gratuits @monprovider.fr, qui sont donc déjà gérés en mode "Cloud", et qui étant gratuits sont peu susceptibles de générer des emplois.

Prenons ensuite le cas des PME. Deux solutions se présentent, la première étant de faire fonctionner en interne un serveur de mail. Pour en avoir parlé avec de nombreux responsables informatiques dans des sociétés entre 20 et 300 personnes, il arrive souvent que les compétences internes leurs permettent d'administrer sans difficulté particulière leur serveur : Ces sociétés là n'ont pas besoin du Cloud, et ne rentrent pas dans notre analyse. D'autres PME ont recours à un contrat d'externalisation de leur messagerie. Et qu'on ne s'y trompe pas, le montant de ces contrats est en moyenne très faible. Bien entendu il y a tous les prix, mais d'une manière générale, les messageries type MDaemon ou autres proposées en hébergement représentent en moyenne un montant du même ordre de grandeur que celui des Google Apps Edition Premier. C'est le service qui est bien inférieur, que ce soit au niveau des fonctionnalités ou de la disponibilité.

Pour finir abordons le cas des grandes entreprises. L'exemple emblématique en Europe est bien sûr Valeo. Plusieurs dizaines de milliers de salariés utilisent Google Apps quotidiennement. Comme toute grande entreprise, VALEO a émis des besoins spécifiques, et mené les projets nécessaires à leur réalisation. Déport de l'authentification vers un serveur tiers, annuaire personnalisé: les projets mis en œuvre autour de la solution Google Apps sont loin d'être négligeables. Nous n'avons pas ici le détail des coûts, mais il est certain que la mise en place de Google Apps au sein de VALEO ne s'est pas faite en un claquement de doigts, et sollicite durablement un personnel compétent. Si VALEO a fait appel à Cap Gemini pour déployer Google Apps, ce n’est pas pour un projet informatique réduit à sa plus simple expression.
On voit donc que même en ciblant les fonctions de messagerie, le raisonnement qui consiste à dire que les solutions Cloud détruisent de l'emploi n'est pas forcément applicable. Qu'en est-il alors pour les autres secteurs de l'informatique ?

D'après 01 Informatique (Edition de novembre 2010), 12% du secteur des services informatiques dans le monde est consacré à SAP. Autrement dit l'utilisation d'un logiciel puissant par son niveau de paramétrage, aussi bien que par ses possibilités d'intégration, amène à faire travailler un grand nombre de personne pour répondre aux besoins des métiers. Imaginons maintenant que SAP soit accessible en Cloud Computing, hébergé dans les Datacenter géants de la firme, répartis dans le monde. Les projets d'intégration deviendront ils simples tout d'un coup ? Personne ne peut croire à cela. Les projets informatiques sont simples, quand le besoin est simple, mais ils sont complexes, quand le besoin informatique est complexe. Les Systèmes d'Information de demain seront bâtis sur des briques Cloud, interfacées avec des solutions 100% spécifiques. C'est la manière de concevoir les SI qui va être bouleversée, pas le nombre d'emplois occupés par ce secteur. Les Systèmes d'Informations représentent de plus en plus un facteur de compétitivité, et vont donc continuer à faire l'objet d'investissements importants. Le Cloud favorise l'innovation par la puissance et la rapidité de mise en œuvre de certaines fonctions ou composants, cela va rendre encore plus attractif les Systèmes d'Informations, pour le bénéfice de l'ensemble de la communauté des informaticiens.

Résumons : Le secteur de l'informatique n'est pas un gâteau que l'on partage. L'arrivée du Cloud Computing favorise l'innovation dans les DSI, et permettra la mise à disposition d’outils plus puissants, plus rapidement. L'intégration de ces outils dans les processus métiers représente le défi des informaticiens de demain, qui seront tout aussi nombreux qu'aujourd'hui.

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